Sur Le Terrain

Pêcher et imprimer le poisson avec Alexis Aubin-Laperrière

Texte -

Marie Charles Pelletier

Photos - Gabriel DeRossi

Juillet 2023, à l’aube. Alexis Aubin-Laperrière fait son chemin vers le lac Charlevoix. Canne à l’épaule, il traverse le bois silencieux, perdu dans ses pensées et ses espoirs de belles prises. Craignant que les poissons ne soient tapis dans les profondeurs du lac pour se sauver de la chaleur caniculaire, il traine dans son sac à dos un pot rempli de vers dodus: « J’ai pris les plus gros que j’ai trouvés en me disant que j’avais intérêt à mettre toutes les chances de mon côté! »

L’air est encore frais quand il longe la rive. Pendant plusieurs minutes, il sonde du regard ce lac qu’il voit pour la première fois. « Il n’y a aucune autre façon de connaitre un lac que de l’observer attentivement et longuement », explique-t-il.

Comme les gens qui attendent le vent pour faire de la voile, Alexis attend les remous pour pêcher.


Il constate que le lac semble particulièrement égal, sauf peut-être là-bas, près de l’arbre submergé, où le sol s’enfonce un peu plus creux qu’ailleurs. Humant un succès hypothétique, il se déplace et met sa ligne à l’eau. Après une lutte d’une minute — sans trêve —, il sort une truite longue de 2 ¼ pouces. [Insérer ici trois notes penaudes au tuba.]

Alexis a commencé à pêcher tout jeune. Son père lui a d’abord enseigné les rudiments du sport, mais très vite, il s’est muni de son propre matériel. Il pouvait alors partir tôt le matin avec son sac chargé de collations et revenir passé l’heure du souper.  

C’était bien avant son exil vers la ville et ses études en arts visuels. Jamais il n’aurait pensé que ces années passées dans le département d’impression de l’Université Concordia culmineraient en histoire de pêche. Pourtant, il semble qu’une technique d’impression survolée à l’école — le gyotaku — n’ait jamais vraiment quitté son esprit.  

Le gyotaku est une technique traditionnelle japonaise qui consiste à faire l’empreinte d’un poisson sur du papier ou du tissu, par l’application méticuleuse d’encre Sumi sur ses écailles.

Non toxique, celle-ci est fabriquée à base d’huile végétale et de suie, pour que les artistes puissent consommer le poisson une fois rincé. Alexis admet avoir parfois un peu de mal à le cuisiner après avoir passé des heures à le manipuler. Il le laisse alors reposer au congélateur quelque temps, puis le partage avec les sien·ne·s.

Depuis ce jour de 2019 où il a fait sa première (et catastrophique) tentative de gyotaku, donc, Alexis peaufine sa technique. Il a d’ailleurs profité de son passage à BESIDE Habitat pour immortaliser sa prise en lui offrant une seconde existence, à la jonction de la nature et de la culture. « Je ne prétends pas être un maitre du gyotaku; je l’interprète à ma manière », précise-t-il.

La volonté de représenter ce qui nous entoure grâce à l’impression ne date pas d’hier. À l’origine, la méthode était utilisée par les pêcheurs pour documenter leurs plus belles prises — ou clore le débat sur leur taille.

Bien que petite, la truite qu’a attrapée Alexis au lac Charlevoix a été honorée. Sur des feuilles de papier washi, elle se fraye un chemin, laissant dans son sillage les traces de son passage.

Vivez les couleurs aux premières loges
Venez vous imprégner des couleurs et apprécier l'automne comme il se doit, au meilleur endroit qui soit.
RÉSERVER
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Marie Charles Pelletier

Photos - Gabriel DeRossi

Juillet 2023, à l’aube. Alexis Aubin-Laperrière fait son chemin vers le lac Charlevoix. Canne à l’épaule, il traverse le bois silencieux, perdu dans ses pensées et ses espoirs de belles prises. Craignant que les poissons ne soient tapis dans les profondeurs du lac pour se sauver de la chaleur caniculaire, il traine dans son sac à dos un pot rempli de vers dodus: « J’ai pris les plus gros que j’ai trouvés en me disant que j’avais intérêt à mettre toutes les chances de mon côté! »

L’air est encore frais quand il longe la rive. Pendant plusieurs minutes, il sonde du regard ce lac qu’il voit pour la première fois. « Il n’y a aucune autre façon de connaitre un lac que de l’observer attentivement et longuement », explique-t-il.

Comme les gens qui attendent le vent pour faire de la voile, Alexis attend les remous pour pêcher.


Il constate que le lac semble particulièrement égal, sauf peut-être là-bas, près de l’arbre submergé, où le sol s’enfonce un peu plus creux qu’ailleurs. Humant un succès hypothétique, il se déplace et met sa ligne à l’eau. Après une lutte d’une minute — sans trêve —, il sort une truite longue de 2 ¼ pouces. [Insérer ici trois notes penaudes au tuba.]

Alexis a commencé à pêcher tout jeune. Son père lui a d’abord enseigné les rudiments du sport, mais très vite, il s’est muni de son propre matériel. Il pouvait alors partir tôt le matin avec son sac chargé de collations et revenir passé l’heure du souper.  

C’était bien avant son exil vers la ville et ses études en arts visuels. Jamais il n’aurait pensé que ces années passées dans le département d’impression de l’Université Concordia culmineraient en histoire de pêche. Pourtant, il semble qu’une technique d’impression survolée à l’école — le gyotaku — n’ait jamais vraiment quitté son esprit.  

Le gyotaku est une technique traditionnelle japonaise qui consiste à faire l’empreinte d’un poisson sur du papier ou du tissu, par l’application méticuleuse d’encre Sumi sur ses écailles.

Non toxique, celle-ci est fabriquée à base d’huile végétale et de suie, pour que les artistes puissent consommer le poisson une fois rincé. Alexis admet avoir parfois un peu de mal à le cuisiner après avoir passé des heures à le manipuler. Il le laisse alors reposer au congélateur quelque temps, puis le partage avec les sien·ne·s.

Depuis ce jour de 2019 où il a fait sa première (et catastrophique) tentative de gyotaku, donc, Alexis peaufine sa technique. Il a d’ailleurs profité de son passage à BESIDE Habitat pour immortaliser sa prise en lui offrant une seconde existence, à la jonction de la nature et de la culture. « Je ne prétends pas être un maitre du gyotaku; je l’interprète à ma manière », précise-t-il.

La volonté de représenter ce qui nous entoure grâce à l’impression ne date pas d’hier. À l’origine, la méthode était utilisée par les pêcheurs pour documenter leurs plus belles prises — ou clore le débat sur leur taille.

Bien que petite, la truite qu’a attrapée Alexis au lac Charlevoix a été honorée. Sur des feuilles de papier washi, elle se fraye un chemin, laissant dans son sillage les traces de son passage.

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Venez vous imprégner des couleurs et apprécier l'automne comme il se doit, au meilleur endroit qui soit.
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Juillet 2023, à l’aube. Alexis Aubin-Laperrière fait son chemin vers le lac Charlevoix. Canne à l’épaule, il traverse le bois silencieux, perdu dans ses pensées et ses espoirs de belles prises. Craignant que les poissons ne soient tapis dans les profondeurs du lac pour se sauver de la chaleur caniculaire, il traine dans son sac à dos un pot rempli de vers dodus: « J’ai pris les plus gros que j’ai trouvés en me disant que j’avais intérêt à mettre toutes les chances de mon côté! »

L’air est encore frais quand il longe la rive. Pendant plusieurs minutes, il sonde du regard ce lac qu’il voit pour la première fois. « Il n’y a aucune autre façon de connaitre un lac que de l’observer attentivement et longuement », explique-t-il.

Comme les gens qui attendent le vent pour faire de la voile, Alexis attend les remous pour pêcher.


Il constate que le lac semble particulièrement égal, sauf peut-être là-bas, près de l’arbre submergé, où le sol s’enfonce un peu plus creux qu’ailleurs. Humant un succès hypothétique, il se déplace et met sa ligne à l’eau. Après une lutte d’une minute — sans trêve —, il sort une truite longue de 2 ¼ pouces. [Insérer ici trois notes penaudes au tuba.]

Alexis a commencé à pêcher tout jeune. Son père lui a d’abord enseigné les rudiments du sport, mais très vite, il s’est muni de son propre matériel. Il pouvait alors partir tôt le matin avec son sac chargé de collations et revenir passé l’heure du souper.  

C’était bien avant son exil vers la ville et ses études en arts visuels. Jamais il n’aurait pensé que ces années passées dans le département d’impression de l’Université Concordia culmineraient en histoire de pêche. Pourtant, il semble qu’une technique d’impression survolée à l’école — le gyotaku — n’ait jamais vraiment quitté son esprit.  

Le gyotaku est une technique traditionnelle japonaise qui consiste à faire l’empreinte d’un poisson sur du papier ou du tissu, par l’application méticuleuse d’encre Sumi sur ses écailles.

Non toxique, celle-ci est fabriquée à base d’huile végétale et de suie, pour que les artistes puissent consommer le poisson une fois rincé. Alexis admet avoir parfois un peu de mal à le cuisiner après avoir passé des heures à le manipuler. Il le laisse alors reposer au congélateur quelque temps, puis le partage avec les sien·ne·s.

Depuis ce jour de 2019 où il a fait sa première (et catastrophique) tentative de gyotaku, donc, Alexis peaufine sa technique. Il a d’ailleurs profité de son passage à BESIDE Habitat pour immortaliser sa prise en lui offrant une seconde existence, à la jonction de la nature et de la culture. « Je ne prétends pas être un maitre du gyotaku; je l’interprète à ma manière », précise-t-il.

La volonté de représenter ce qui nous entoure grâce à l’impression ne date pas d’hier. À l’origine, la méthode était utilisée par les pêcheurs pour documenter leurs plus belles prises — ou clore le débat sur leur taille.

Bien que petite, la truite qu’a attrapée Alexis au lac Charlevoix a été honorée. Sur des feuilles de papier washi, elle se fraye un chemin, laissant dans son sillage les traces de son passage.

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